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DAUREL ET BETON, RAOUL DE CAMBRAI I 5 I

IV

La chanson de Raoul de Cambrai, publiée pour la seconde fois par MM. Paul Meyer et Auguste Longnon, est depuis longtemps, et à bon droit, célèbre. Malgré les altérations de tout genre qu'elle a subies dans le cours des temps pour arriver à la forme qu'elle a revêtue vers la fin du xii^ siècle ou le commencement du xiii% altérations sans lesquelles nous ne la posséderions sans doute pas, elle nous offre encore l'écho le plus fidèle et le plus vivant qui soit parvenu jusqu'à nous de ce qu'a dû être l'épopée féodale au x* siècle. Les éditeurs, avec un savoir et une critique que leurs noms suffisent à garantir, en ont établi le fondement historique, qui, par une bonne for- tune assez rare, est sûrement reconnaissable ; ils ont, en groupant et commentant les allusions diverses qui vont du xi^ siècle ' à la fin du xii% suivi autant que possible les transfor- mations de l'œuvre primitive ; ils ont déterminé par l'étude des rimes et assonances la patrie du poème (Picardie); ils ont donné un texte très supérieur à celui de la première édition, et aussi satisfaisant qu'on pouvait l'établir avec les ressources insuffisantes que l'on possède, et qu'ils ont pu d'ailleurs aug- menter d'une manière inespérée ^ ; ils y ont joint un copieux glossaire et une table des noms propres, avec explications^ qui leur a demandé beaucoup de travail et rend les plus grands services ; en un mot, ils se sont acquittés de leur tâche d'une façon supérieure : il suffit de le dire une fois pour toutes, et il

��1 . La plus intéressante, véritable analyse de la chanson de geste telle qu'elle existait alors, est dans la chronique monastique de Waulsort (province de Namur) rédigée à la fin du xie siècle. L'utilisation de ce texte important, qui était resté jusqu'à eux inaperçu dans le Spicilegiiwi de d'Achery, est un des meilleurs titres des éditeurs à la reconnaissance du public savant.

2. On n'a qu'un manuscrit, de la fin du xiiie siècle, écrit par deux copistes, l'un et l'autre hâtifs et négligents ; en outre il est défectueux au commen- cement. Les éditeurs ont découvert, dans un cahier écrit par le président Fauchet, la copie d'environ deux cent cinquante vers, appartenant àdiff'érents endroits du poème, pris sur un autre manuscrit, aujourd'hui perdu, et ils ont su tirer le meilleur parti de cette heureuse trouvaille.

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