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chant et englobant de petites épopées locales, provinciales, régionales '. Or la reprise du midi de la France et surtout la conquête de la Catalogne sur les musulmans ont dû, étant données les conditions indiquées plus haut, provoquer des chansons épiques en langue d'oc, et, d'autre part, un groupe considérable de chansons de geste françaises est consacré à ces exploits, accomplis sous Charles Martel, Charlemagne et Louis 1"". Il est tout simple que des héros et des récits propres aux chants provençaux aient été utilisés par les jongleurs fran- çais dans le grand travail cyclique qui s'est accompli au xi et au XII siècle, et la différence de langue ne pouvait certainement être un obstacle. Peut-on prouver, ou au moins rendre très vraisemblable, la réalité d'une hypothèse aussi naturelle ? C'est le point sur lequel devra porter une discussion critique; mais pour ma part je dois dire que je n'en doute pas plus aujourd'hui que lorsque, il y a plus de vingt ans, j'ai émis cette hypothèse, en l'appuyant par des arguments - dont je retrancherais aujourd'hui plus d'un, mais auxquels j'en ajouterais lacilcment d'autres \

Quoi qu'il en soit, le poème de Danrel .et Bcton ne pourra occuper dans cette discussion qu'une place subalterne. Il n'est

��1. M. Lcon Gautier, pour contester la vraisemblance de raniiexion à l'épopée française d'une matière empruntée à l'épopée provençale, allègue l'existence, dans cette épopée française, de cvcles provinciaux ; mais c'est précisémer.t le meilleur argument en faveur de l'opinion qu'il combat. Qui peut nier que chaque petit cycle provincial soit né et se soit développé d'abord dans la province à laquelle il appartient ?

2. Que des compositions écrites dans un dialecte méridional aient passé en français, c'est ce que prouve l'histoire du développement français de la légende d'Alexandre, étudiée par M. Meyer dans le beau livre qu'il vient de publier. A la base de tout ce développement est le poème d'Albéric, restitué par le savant critique à la partie méridionale du Dauphiné, c'est-à-dire au domaine de la langue d'oc. — ■ La question est plus compliquée pour Girttrd lie Roiissilloii, mais aboutit à des conclusions analogues.

3. On peut voir un résumé de la discussion dans le livre, cité plus haut, de M. Nvrop (p. 148-157). Notons ici une erreur du traducteur italien. A propos de DaurcJ et Betoii, l'auteur dit que ce poème ne peut soutenir l'hypo- thèse provençale, et non pas que cette hvpothèse ne peut se soutenir.

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