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la littérature du moyen âge, surtout de la littérature épique, nous est parvenue dans des manuscrits picards a fait attribuer exclusivement à la région picarde des particularités dont plusieurs en ont bien dépassé les limites. Sans entrer ici dans une discussion qui nous entraînerait trop loin, remarquons, avec M. Fôrster, qu’il y a des relations pour la forme entre Aioul et le poème bourguignon de Girard de Ronssillon, pour maint trait entre Aioul et Auberi Je Bourguignon. Aioul pourtant n’est sûrement pas bourguignon : les Bourguignons n’y sont mentionnés qu’avec haine et mépris ’ ; mais cela n’indique pas, bien au contraire, qu’il n’ait pas été composé dans le voisinage de la Bourgogne \ Quant à la date du poème en décasyllabes (seconde version), je suis porté, avec les éditeurs, à la fixer à peu près au milieu du xii^ siècle ; il faut seulement alors mettre sur le compte du remanieur ou du copiste les formes, trop nombreuses pour cette époque, qui nous montrent l’élision d’une voyelle devant une autre dans l’intérieur d’un mot ’.

Quant à la partie en alexandrins, on peut à coup sûr l’assigner au commencement du xiii*^ siècle. M. Paulin Paris y a relevé, le premier, une allusion probable au mariage de Louis VIII et de Blanche de Castille (1200), et ce n’est pas


1. Borguignon sont felon, 8957 ; de même 8410, etc. Le couple déplaisant qui insulte Aioul à Orléans n’est pas du pays, mais est venu de Bourgogne la [ik] devant (2660). Il faut sans doute entendre la haute Bourgogne, où est Lausanne ; car, d’autre part, Aioul célèbre ses noces à Langres en Bourgogne (8087, etc.).

2. Dans le patrimoine d’Élie, réclamé par Aioul, se trouvent des villes de Bourgogne, d’Anjou, de Picardie, de Champagne (Provins, Reims et Châlons) et même d’Italie, ainsi que le duché de France ; cela ne peut donc rien prouver. — Le remanieur a identifié Aioul avec saint Aioul {Aigulphus), abbé de Lérins, honoré à Provins, où son corps avait été transporté ; mais cette identification ne repose absolument que sur l’homonymie des deux personnages.

5. Tels sont les mots vrai 457, ahie 872 (mais voyez la note de M. Fôrster et la Vie de saint Gilles, publiée par Gaston Paris et A. Bos, p. xxiii), Loon 1591 (contraction qu’ont écartée les éditeurs français), /wz/c 1547, aourer 1891, benoite 1911 (cf. 1935), Init 2156 (vov. Vie de saint Gilles, ibid.), Citncc 2196. conns 3028, vu 3389.