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JIOUL 119

cone, qvù procède du nôtre, raconte, il est vrai, que Macaire avait envoyé au roi un paon empoisonné comme venant de la part d'Élie ; mais c'est là un lieu commun qui doit avoir été emprunté à d'autres chansons de geste. Quand Aioul se fait connaître (v. 8086 et suiv.), il réclame tout ce que possédait son père, mais l'énumération (dans la partie en alexandrins) est tellement confuse qu'on ne peut dire au juste quel était le fief d'Élie : il semble bien cependant que ce fût essentiellement le duché de France (v. 8092). Si nous remarquons en outre que la résidence ordinaire du roi paraît être Orléans (toutefois il tient aussi sa cour à Paris, à Chartres, à Saint-Michel, à Laon), nous penserons assez naturellement qu'il s'agit là non de Louis le Pieux, mais d'un de ses successeurs, et que la chan- son d'Élie avait conservé quelque vague souvenir des que- relles et des réconciliations des rois carolingiens et des ducs de France. Baudouin d'Avesnes, dans un curieux passage que M. Longnon a signalé aux éditeurs de notre poème, nous dit: « Avisse, la fille du roy Charles le Calve, fut donnée en mariage a Elye, comte du Mans, lequel fut encachiet de France par trayteurs. Et de celuy Elle et Avisse sa femme yssit Aioul leur fils, de quy on a maintes fois chanté. » Ce n'est pas là une raison suffisante pour reconnaître avec les éditeurs français le père d'Aioul dans Éhe, comte du Mans de 1090 à 11 10 : il est bien plus probable que le compilateur du xiii'= siècle a donné à l'Elie du poème le titre de comte du Mans à cause de son homonymie avec le comte du xi^ siècle, qui vivait bien après le temps de Charles le Chauve.

La chanson d'Élie, si elle a existé séparément, ne pouvait se terminer à l'endroit où commence notre poème : Elie est dé- pouillé, banni, et vient s'étendre pour de longues années sur son lit de douleur dans l'ermitage de Moïse. Il est probable que

��avec la sœur de l'empereur qui fût présenté comme la cause de sa disgrâce. Le récit de la naissance d'Aioul rappelle beaucoup celui de la naissance de Roland dans des romans franco-italiens qui ont bien probablement une source française, et, dans ces romans, Milon, père de Roland, est banni par Charle- magne pour avoir séduit la sœur de l'empereur, avec laquelle il se réfugie dans un désert, tout comme Élie dans notre poème.

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