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RIENZI.

reste pas une âme dans ton palais. Hâtez-vous, fuyez, sauvez-vous ? Où est Irène ?

— Comment ! Le Capitole serait abandonné ! Impossible ! » s’écria Rienzi. Il traverse à grands pas ses appartements jusqu’à l’antichambre où se tenait d’ordinaire sa garde de nuit — cette antichambre était vide ! Il se dépêcha de passer à la chambre de Villani, elle était vide aussi ! Il aurait voulu aller plus loin, mais les portes étaient fermées en dehors, il était évident qu’on lui avait coupé tout moyen de retraite, sauf la porte dérobée qu’on avait laissée ouverte pour faire entrer ses assassins.

Il revint à sa chambre : Nina était déjà allée éveiller et préparer Irène, dont la chambre était située de l’autre côté, dans leur appartement.

« Vite, sénateur ! s’écria Adrien, il est encore temps, je crois. Il nous faut seulement traverser le Tibre. Là j’ai posté mes fidèles gentilshommes et mes Allemands. Un bateau nous attend.

— Écoutez ! interrompit Rienzi, dont les sens avaient acquis depuis peu une vivacité surnaturelle, j’entends une acclamation éloignée, une acclamation qui m’est familière : Vive le peuple ! N’est-ce pas ma devise ? Ce doivent être là des amis !

— Ne t’abuse point, tu n’as plus d’amis dans Rome.

— Chut ! lui dit tout bas Rienzi, sauve Nina, sauve Irène, je ne puis t’accompagner.

— Es-tu fou ?

— Non, mais je n’ai pas peur. D’ailleurs si je vous accompagnais je ne ferais que vous perdre tous. Si on me trouvait avec vous, vous seriez massacrés avec moi, Sans moi vous êtes en sûreté. Oui, même l’épouse et la sœur du sénateur n’ont pas provoqué de vengeance. Sauve-les, noble Colonna ! Cola de Rienzi s’en remet à Dieu seul du soin de son salut. »