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RIENZI.

bonne heure, il rencontrait des groupes des deux sexes courant dans les rues pour aller assister à l’exécution du redoutable capitaine de la Grande Compagnie.

Le couvent des Augustines était situé à l’extrémité la plus éloignée de cette ville, déjà si étendue à cette époque, et la lumière rougeâtre couronnant le sommet des collines annonçait le soleil levant, avant que le jeune homme fût arrivé devant le vénérable édifice. Son nom suffit pour lui en faire ouvrir les portes.

« Dieu veuille, dit une vieille nonne qui le conduisait à travers un corridor long et tortueux, que tu apportes quelque soulagement à notre sœur malade ! Elle à souffert cruellement en demandant après toi depuis matines. »

Dans une cellule à part, destinée à la réception des visiteurs du monde extérieur, admis à voir celles des seurs qui obtenaient la dispense exigée, était assise la vieille religieuse. Angelo ne l’avait vue qu’une fois depuis son retour à Rome, et, dans cet intervalle, la maladie avait fait de terribles ravages dans sa personne et dans ses traits. À la voir là, dans son costume semblable à un linceul, avec son visage pâle et amaigri, elle ressemblait, sous les rayons de l’aube naissante, à un fantôme que le jour avait surpris sur la terre. Elle s’approcha cependant du jeune homme d’un pas plus souple et plus rapide qu’on ne l’aurait attendu de ce spectre livide… « Te voilà venu ! dit-elle ; bien, bien ! Aujourd’hui, après matines, mon confesseur, un moine augustin, qui seul connaît les secrets de ma vie, m’a pris à part, et m’a dit que Walter de Montréal avait été arrêté par le sénateur, qu’il était condamné à mort, et qu’un frère de l’ordre des Augustins avait été mandé pour assister ses derniers moments. Est-ce vrai ?

— On t’a dit vrai, dit Angelo non sans étonnement, L’homme dont le nom avait coutume de te faire frissonner,