Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
RIENZI.

— Vous êtes accusé de plusieurs crimes : brigandage et meurtre en Toscane, Romagne, Apulie…

— Au lieu de brigandage et meurtre, des braves gens et des chevaliers avec l’épée au côté, dit Montréal en se levant, emploieraient les mots guerre et victoire. Quant à ces charges d’accusation, je me déclare coupable. Continuez.

— Vous êtes ensuite accusé de trahison et conspiration envers les libertés de Rome, pour le rétablissement des barons proscrits ; et de correspondance déloyale avec Stefanillo Colonna à Palestrina.

— Mon accusateur ?

— Avancez, Angelo Villani.

— C’est donc vous qui m’avez trahil dit avec fermeté Montréal ;… je l’ai bien mérité. Je vous supplie, sénateur de Rome, de faire sortir ce jeune homme. Je reconnais ma correspondance avec les Colonna et mon désir de rétablir les barons. »

Sur un sigue de Rienzi, Villani fit un salut et se retira.

« Alors il ne vous reste plus, Walter de Montréal, qu’à rapporter complétement et fidèlement les détails de votre conspiration.

— C’est impossible, répliqua négligemment Montréal.

— Et pourquoi ?

— Parce que je suis maître de faire ce que bon me semble de ma propre vie, mais ne veux point trahir la vie des autres.

— Réfléchis ; tu voulais bien trahir la vie de ton juge.

— Il n’y avait point de trahison ; tu ne m’avais point donné ta confiance.

— La loi, Walter de Montréal, a de terribles agents pour faire ses enquêtes : regarde ! »

Le rideau noir tiré, le regard de Montréal tomba sur le bourreau et sur la roue ! Son cœur orgueilleux se souleva d’indignation.