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RIENZI.

— Trop heureux, continua Montréal, d’expier ainsi mes fautes. Vous savez, messires, que mon ordre est dévoué à Dieu et à l’Église ? Je suis un moine-guerrier ! Trop heureux, je le répète, de racheter mes fautes en defendant la cité sainte. Pourtant, moi aussi, j’ai mes vues particulières et plus terrestres ; qui est-ce qui n’en a pas ? Je… la cloche change de ton !

— Ce n’est que le signal qui sert de prélude à l’exécution : le pauvre bandit est sans doute sur le point de mourir.)

Montréal de faire un signe de croix et de reprendre :

« Je suis noble et chevalier, dit-il fièrement ; la carrière des armes est celle que j’ai embrassée. Mais, je ne veux point le dissimuler, mes pairs m’ont reproché d’avoir flétri mon écusson en poursuivant avec trop d’ardeur et trop peu de scrupule la gloire et le gain. Je désire me réconcilier avec mon ordre, acquérir un nouveau nom, rentrer dans les bonnes grâces du grand maître et du souverain pontife. J’ai reçu des avis, messires, des avis secrets qui m’ont fait entendre que je ne pouvais mieux servir mes intérêts qu’en rétablissant le bon ordre dans la métropole du saint-père. Le légat Albornoz (voici sa lettre) me recommande de surveiller le sénateur.

— C’est singulier, interrompit Pandulfo, j’entends marcher en bas.

— La foule, qui, apparemment, s’empresse d’aller assister à l’exécution du bandit, dit Bruttini. Continuez, sire chevalier.

— Et, poursuivit Montréal, jetant un coup d’œil sur son auditoire avant de reprendre son discours : que penseriez-vous (si je vous demande votre opinion, c’est que j’y ai plus de confiance que dans la mienne), que penseriez-vous, par mesure de précaution contre un excès de pouvoir arbitraire de la part du sénateur, que penseriez-