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RIENZI.

Le sénateur frappa des mains, un de ses gardes parut.

« Faites venir les officiers de la milice étrangère. »

Les frères gardaient toujours le silence.

Les officiers entrèrent.

« Mes amis, dit Rienzi, messire Brettone et messire Arimbaldo ont mes instructions pour répartir entre vos soldats la somme de mille florins. Ce soir nous campons sous les murs de Palestrina. »

Les officiers se retirèrent avec un étonnement visible. Rienzi contempla un instant les deux frères, riant bien en lui-même, car son humeur sarcastique jouissait de son triomphe… « Vous ne regrettez pas votre dévouement, mes amis ?

— Non, dit Brettone, se ranimant, cette somme-là ne grossit pas beaucoup notre dette.

— Voilà qui s’appelle parler : encore une poignée de mains. Le bon peuple de Tivoli m’attend à la Grand’-Place ; j’ai quelques avis à leur donner. Au revoir, cette après-midi.

Quand la porte se referma sur Rienzi, Brettone furieux frappa sur la poignée de son épée, en s’écriant : « Le Romain se moque de nous. Mais une fois que Walter de Montréal aura fait son apparition à Rome, l’orgueilleux railleur nous payera cher cette mauvaise plaisanterie.

— Chut ! dit Arimbaldo, les murs ont des oreilles, et ce suppôt de Satan, le jeune Villani, m’a l’air d’être toujours sur nos talons.

— Mille florins ! il n’a peut-être pas mille gouttes de sang dans les veines, o grommela Brettone irrité, sans écouter son frère.

Les soldats furent payés, l’armée se mit en marche ; par son éloquence, le sénateur accrut ses forces d’un certain nombre de volontaires de Tivoli, et des paysans sauvages et mal armés vinrent se joindre à sa bannière, du