Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
RIENZI.

présence d’esprit ordinaire d’un Italien, et lui fit cette réponse laconique :

« À l’un et à l’autre.

— L’un et l’autre répéta Rienzi. Alors, en vérité, noble Adrien, vous êtes le bienvenu ici. Et pourtant, ce me semble, si vous n’aviez pas pensé qu’il y eût entre nous quelque motif d’inimitié, vous auriez recherché la seur de Cola de Rienzi d’une manière plus digne de votre naissance ; et, permettez-moi d’ajouter, plus digne de la position élevée que m’ont accordée Dieu, la destinée et ma patrie. Vous n’oseriez pas sans doute, jeune Colonna, méditer le déshonneur de la seur du sénateur de Rome. Quelle que soit votre haute naissance, elle est votre égale.

— Fussé-je l’empereur en personne, l’empereur dont je ne suis qu’un simple chevalier, votre seur serait mon égale, répliqua vivement Adrien. Rienzi, je suis fâché de vous avoir rencontré sitôt. J’avais compté, en me portant comme médiateur entre vous et les barons, gagner ainsi d’abord votre confiance, et ensuite en demander le prix. Sachez que demain, à la pointe du jour, je pars pour Palestrina : je veux tâcher de réconcilier mon jeune cousin avec l’élu du peuple et du saint-père. Différentes raisons, qu’il m’est inutile pour le moment de vous énumérer en détail, m’auraient fait désirer de pouvoir entreprendre cette mission de paix sans communiquer au préalable avec vous. Mais puisque nous nous sommes rencontrés, indiquez-moi quelques points de conciliation, et je vous jure sur la main droite, non pas d’un noble Romain hélas ! la prisca fides, la foi primitive ne trouve plus là un sûr garant, mais d’un chevalier de la cour impériale, que je ne trahirai point votre confiance.

Rienzi, accoutumé à lire sur les visages humains, avait tenu les yeux attentivement fixés sur Adrien pendant que celui-ci parlait ; quand le Colonna eut fini, Rienzi serra la main qui lui était présentée, et dit avec cette douceur