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RIENZI.

temps ; tu vas bientôt, j’en réponds, entendre parler du succès de mes démarches auprès de ma famille, et avant que la semaine soit passée, j’espère revenir demander tamainàlafaceduciel. »

Nos amants se séparèrent : Adrien fit encore un tour de promenade sur la place, pendant qu’Irène courait ensevelir son émotion et sa joie dans sa chambre.

Au moment où elle disparaissait et où le jeune Colonna s’en retournait lentement, un grand masque vint à grands pas l’aborder brusquement.

« Tu es un Colonna, dit-il, et au pouvoir du sénateur. Ne trembles-tu pas ?

— Si je suis un Colonna, masque importun, répondit froidement Adrien, tu devrais te rappeler le vieux dicton : « Si tu déranges la colonne, gare à sa chute. »

L’étranger rit tout haut, et, levant son masque, fit voir à Adrien qu’il avait sous les yeux le sénateur en personne.

« Monseigneur Adrien de Castello, dit Rienzi, reprenant toute sa gravité, est-ce comme ami ou comme ennemi que vous nous avez fait l’honneur de venir cette nuit à notre fête ?

— Sénateur de Rome, répondit Adrien avec autant de dignité, je ne partage l’hospitalité de personne qu’à titre d’ami, et si je suis jamais l’ennemi de personne, j’espère que ce ne sera pas de vous.

— Je voudrais, répartit Rienzi, pouvoir sans réserve m’appliquer à moi-même ce propos si flatteur. Mais ces sentiments d’amitié, que vous me témoignez, est-ce au gouverneur du peuple romain que vous les adressez ou au frère de la femme qui a prêté l’oreille à vos promesses ? »

Quand le sénateur s’était démasqué, Adrien avait suivi son exemple : il sentit à ses mots que son œil faiblissait sous le regard de Rienzi ; il se remit cependant avec la