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RIENZI.

— Cependant ce serait une alliance qui vaudrait mieux que la main d’un roi, pour fortifier ton pouvoir à Rome.

— Oui, si elle était possible, mais cette famille est si hautaine ! Peut-être ce masque même qui vient d’obséder nos pas cachait-il son amant. Je vais y voir ; viens avec moi, Nina. Suis-je bien enveloppé ?

— Vous êtes méconnaissable, et moi ?

— Tu es comme le soleil derrière un nuage.

— Ah ! ne perdons pas un moment ; quelle heure de divertissement vaut celle où, ma main dans la tienne et ma tête sur ton sein, nous oublierons les douleurs que nous avons éprouvées et même les triomphes que nous avons partagés ? »

Dans l’intervalle, Irène bouleversée, égarée par le premier transport de son émotion, Irène, déjà déguisée et masquée, pénétrait à travers la foule et retournait à l’escalier du Lion. Grâce au départ du sénateur, cet endroit était devenu presque désert. La musique et les danses avaient attiré les masques sur un autre point de cette vaste place. Irène, en approchant, vit les rayons de la lune descendre sur la statue, et une figure solitaire appuyée contre le piédestal. Elle s’arrêta, la figure approcha et lui fit entendre encore la voix de son premier amour.

« Ô Irène, car je t’ai reconnue même sous ce déguisement, dit Adrien en saisissant sa main tremblante, est-il possible qu’il me soit permis de contempler encore ce visage, de toucher encore cette main ! Ce n’était donc pas toi que mes yeux ont vue gisante inanimée dans cet affreux caveau, dont le souvenir me fait frissonner ? Par quel miracle as-tu été ressuscitée ? Par quels moyens le ciel a-t-il conservé au monde celle qu’il semblait déjà avoir mise au nombre de ses anges ?

— Quoi, tu le croyais donc ? dit Irène d’une voix