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RIENZI.

Cependant ce n’était point sur cette imposante figure qu’était attaché le regard d’Adrien : pâle, hors d’haleine, tremblant, il se cramponna à la muraille contre laquelle il s’appuyait. Était-ce un rêve ? Les morts étaient-ils ressuscités ? Ou était-ce bien son Irène, son Irène vivante, dont la douce et mélancolique beauté apparaissait tristement, à côté de Nina, comme une étoile auprès de la lune ? La pompe du spectacle disparut à ses yeux, tout devint nuages et ténèbres. Un instant il perdit connaissance. Quand il revint à lui, la foule avançait en courant confuse et mêlée au torrent de curieux qui suivaient le cortége. À travers la multitude impétueuse, il aperçut la gracieuse figure d’Irène, bientôt ravie à ses regards par les bannières qui terminaient le défilé. Son sang reflua de son cœur dans ses veines. Il était comme un homme qui, après avoir passé des années entières dans une affreuse catalepsie, se réveille soudain pour jouir de la clarté des cieux.

Il y avait encore un homme, qui, dans cette foule animée, restait immobile avec Adrien. C’était Cecco del Vecchio.

« Il ne m’a pas vu, murmurait en lui-même le forgeron ; les vieux amis sont oubliés maintenant ! Bon, bon, Cecco del Vecchio déteste toujours les tyrans… n’importe quel soit leur nom, et le travestissement qu’ils prennent pour nous amadouer. Il ne m’a pas vu, moi ! Hum ! »