Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
RIENZI.

vence a d’autres rameaux ; et quelque neveu qui est encore à venir sera… que sera-t-il ? Les étoiles ne l’ont pas encore décidé ! Mais l’ambition est maintenant le seul objet que le monde ait laissé à mon affection.

« Comme la même infortune produit des effets différents sur les différents caractères ! pensa Colonna. Pour moi, toutes les couronnes du monde sont devenues sans valeur aussitôt que je n’ai pu rêver de les placer sur le front d’Irène. »

La ressemblance de leurs destinées, cependant, attirait puissamment Adrien vers son hôte ; et les deux chevaliers causèrent ensemble avec plus d’amitié et moins de réserve qu’ils ne l’avaient fait jusque-là. Montréal finit par lui dire :

« À propos, je ne vous ai pas demandé ce que vous comptez faire.

— Je vais à Rome, dit Adrien, et les nouvelles que vous m’avez apprises m’engagent à presser encore mon retour. Si Rienzi revient, peut-être pourrai-je servir d’heureux médiateur entre le tribun sénateur et les nobles ; et si je trouve mon cousin, le jeune Stefanello, maintenant chef de notre maison, plus traitable que ses aïeux, je ne désespère point de concilier aussi les barons moins puissants. Rome a besoin de repos ; et quel que soit celui qui la gouverne, s’il gouverne seulement selon les lois de la justice, il doit être soutenu etpar les princes comme par les plébéiens.

Montréal l’écouta avec beaucoup d’attention, puis murmura en lui-même : « Non, c’est impossible ! » Il rêva un instant, couvrant son front de sa main, avant de dire tout haut : « Vous allez à Rome ? Eh bien, nous nous reverrons bientôt au milieu de ses ruines. Apprenez, en passant, que mon but, ici, est déjà atteint ; ces marchands florentins ont accepté mes conditions ; ils m’ont payé deux ans de paix ; demain mon camp sera levé, et la Grande Compa-