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RIENZI.

il précipitamment. Messires, ajouta-t-il, en s’adressant aux membres de son conseil et en se frottant les mains ; Je crois que notre piége a pris l’oiseau. Nous allons voir. »

Au même instant, la draperie fut levée et le chevalier introduit,

« Comment ! murmura Montréal, changeant de couleur, et visiblement désappointé, je serai donc toujours attrapé ?

— Sir Walter de Montréal, dit le prisonnier ; me voilà votre hôte une seconde fois. Peut-être sous ces traits altérés ne reconnaissez-vous pas Adrien de Castello ?

— Pardonnez-moi, noble seigneur, dit Montréal, se levant avec une grande courtoisie, c’est la méprise de mes gens qui avait troublé un instant mes souvenirs ; je suis charmé de presser encore une fois une main qui a gagné tant de lauriers depuis que nous nous sommes séparés. Votre renommée a réjoui mes oreilles. Holà ! poursuivit le général en frappant des mains, ayez soin de faire rafraîchir et reposer ce noble cavalier et sa suite. Seigneur Adrien, je vais vous rejoindre à l’instant. »

Adrien se retira. Montréal, oubliant ses conseillers, traversa sa tente à grands pas ; puis appelant l’officier qui avait introduit Adrien, il lui demanda : « Le comte Landau garde-t-il toujours le passage ?

— Oui, général.

— Alors, retourne-t-en bien vite ; il faut tenir l’embuscade jusqu’à la tombée de la nuit. Ce n’est pas le vrai renard que nous avons pris au traquenard. »

L’officier partit, et peu de temps après, Montréal leva la séance du conseil. Il alla trouver Adrien, logé dans une tente voisine de la sienne.

« Monseigneur, dit Montréal, il est vrai que mes hommes ont ordre d’arrêter tout passant sur la route de Florence. Je suis en guerre avec cette cité. Mais ce n’est pas vous que je m’attendais à prendre. Je n’ai pas besoin d’ajouter que vous et vos gens vous êtes libres.