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RIENZI.

Jean de Vico, l’un des plus capables, et des plus terribles ennemis de l’Église, il résolut de marcher aussi promptement que possible sur les frontières de ce tyran pour ne pas lui laisser le temps d’obtenir l’assistance de quelque autre de ces bandes de mercenaires qui trouvaient en Italie à vendre leurs services. Occupé à lever des troupes, à se procurer de l’argent, à correspondre avec les différentes républiques, et à se former des alliés pour servir plus tard ses projets d’ambition à la cour d’Avignon, le cardinal attendait avec assez de résignation le jour où il pourrait réclamer auprès de la signora Cesarini la récompense à laquelle il pensait avoir des titres. Dans l’intervalle il avait eu ses premiers entretiens avec Rienzi, et sous cette apparence de courtoisie à l’égard du tribun acquitté, il lui avait offert l’hospitalité, pour pénétrer le caractère et les dispositions d’un homme dont il voulait faire seulement son ministre et son instrument. Cette influence miraculeuse et magique, que Rienzi, d’après le témoignage des historiens du temps, exerçait sur tous ceux qui l’approchaient, sans distinction de caractères, de conditions ou d’opinions, ne lui avait pas moins réussi dans son entrevue avec le pontife. Il avait fait une description si fidèle du véritable état de Rome, il avait retracé avec tant de précision les causes et les remèdes des maux qu’elle endurait, il avait parlé avec tant d’assurance des capacités qu’il se sentait pour l’administration des affaires de cette ville, il avait fait un tableau si brillant de la perspective que cette administration ouvrait à la grandeur de l’Église et aux intérêts du pape, qu’Innocent, malgré la finesse et l’habileté sceptique avec laquelle il calculait d’ordinaire les chances humaines, fut entièrement fasciné par l’éloquence du Romain.

On dit qu’il s’écria : « Est-ce bien là l’homme que nous avons traité pendant douze mois en prisonnier et en