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RIENZI.


CHAPITRE IX.

Albornoz et Nina.

Mais les yeux qui, par-dessus tous les autres, avaient soif d’un regard du prisonnier mis en liberté, furent privés de cette jouissance. Seule dans sa chambre, Nina attendait le résultat du jugement. Elle entendit les cris, les acclamations, les trépignements de milliers d’hommes disséminés le long de la rue ; elle sentit que la victoire était gagnée ; et son cœur depuis longtemps surchargé déborda en un déluge de larmes. Le retour d’Angelo lui fit bientôt connaître tout ce qui s’était passé ; mais sa joie fut bien refroidie lorsqu’elle apprit que Rienzi était l’hôte du redoutable cardinal. Ce coup subit, ce passage de l’anxiété à la joie joint à la crainte mêlée de dégoût que lui inspirait la visite imminente du cardinal, agit si puissamment sur elle qu’elle fut en proie pendant trois jours à une maladie alarmante ; et ce fut seulement le cinquième jour après que Rienzi venait d’être honoré du titre de sénateur de Rome, qu’elle se vit assez bien rétablie pour recevoir Albornoz.

Le cardinal avait envoyé tous les jours prendre des nouvelles de sa santé, et cette attention avait paru à l’esprit alarmé de la signora révéler ses prétentions au droit de s’occuper d’elle. Cependant Albornoz avait eu de quoi distraire et absorber ses pensées. Après avoir, à prix d’argent, enlevé le redoutable Montréal au service de