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RIENZI.

du pape, alignés le long de l’avenue conduisant à la cour, serrèrent leurs rangs, et reculèrent d’un pas ou deux sur les masses.

Lorsque la trompette s’arrêta, on entendit la voix d’un héraut, mais elle n’arriva pas jusqu’aux oreilles d’Angelo et du soldat ; et ce fut seulement par une puissante acclamation qui parcourut en une minute, d’échos en échos, le cercle de la multitude transportée, ce fut par la vue des mouchoirs agités aux fenêtres, par des exclamations sans suite recueillies de bouche en bouche, que le page apprit l’acquittement de Rienzi.

« Ah ! que je voudrais voir sa figure ! soupira le page d’un ton plaintif.

— Tu vas la voir, dit le soldat, et il souleva le jeune garçon dans ses bras, poussant en avant avec la force d’un géant, rejetant à droite et à gauche l’océan vivant qui l’entourait, et se dirigeant tout près des gardes vers un endroit par où Rienzi devait certainement passer.

Le page, ne sachant s’il devait être content ou fâché, se débattit un peu ; mais, trouvant que c’était inutile, il consentit tacitement à cette violence obligeante, dans laquelle il sentait cependant comme un outrage à sa dignité.

« Ne fais pas attention, dit le soldat, tu es le premier que j’aie jamais volontairement élevé au-dessus de moi-même ; et si je le fais maintenant, c’est pour l’amour de ta belle figure qui me rappelle une tête qui m’était bien chère. »

Mais ces derniers mots furent prononcés à voix basse, et l’enfant, dans son impatience de voir le héros de Rome, ne les entendit point ou n’y prit point garde. En effet, Rienzi passa ; à ses côtés marchaient deux gentilshommes de la suite même du pape. Il avançait lentement, au milieu des saluts et des acclamations de la foule, sans regarder ni à droite ni à gauche. Sa tenue était