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RIENZI.

autrefois de clémence que de courage, un vrai modèle de chevalerie provençale.

Tel était l’homme redoutable qui, maintenant que l’emportement de la jeunesse était apaisé, et son ambition endurcie, allait se porter rival de Rienzi pour lui disputer le gouvernement de Rome.


CHAPITRE VIII.

La foule. — Le jugement. — La sentence. — Le soldat et le page.

Le lendemain soir une foule considérable s’était amassée dans les rues d’Avignon. C’était le second jour de l’interrogatoire de Rienzi, et à chaque instant on attendait la proclamation du verdict. Parmi les étrangers de tous les pays attroupés dans ce séjour de la splendeur pontificale l’intérêt était devenu palpitant. Les Italiens, même du plus haut rang, étaient disposés en faveur du tribun ; les Français lui étaient contraires. Quant aux bons bourgeois d’Avignon ils ne s’intéressaient guère qu’à ce qui pouvait mettre de l’argent dans leurs poches ; et, si l’on s’en fût rapporté de la décision à leur vote secret, point de doute qu’une majorité considérable n’eût demandé qu’on brûlât le prisonnier pour tirer profit du spectacle.

Parmi la multitude se trouvait un homme de haute taille, revêtu d’une armure complète, simple et rouillée mais avec une contenance chevaleresque qui démentait en quelque sorte la grossièreté de sa cotte de mailles ; il