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RIENZI.

que je saurai l’acquérir, par l’épée que je la conserverai !

— Rienzi a été trop cruel, il n’aurait pas dû irriter les barons, dit Brettone, sur le point de finir le flacon, quand la main robuste de son frère le lui arracha des mains.

— Bah ! dit Montréal, terminant sa rasade avec un long soupir, il ne l’a pas été assez, cruel. Il a cherché seulement à être juste et sans faire aucune distinction entre noble et paysan. Il aurait dû faire une distinction ! Il aurait détruit l’arbre de la noblesse jusque dans ses racines. Mais c’est ce qu’aucun Italien ne peut faire. C’est moi que cela regarde.

— Tu n’irais pas verser le meilleur sang de Rome ?

— Verser leur sang ? Non, mais je saisirais leurs terres pour en doter une noblesse nouvelle, la solide et brave noblesse du Nord, dont les membres savent bien soutenir leur prince au besoin, ne fût-ce que comme la source de leur propre pouvoir. Mais en voilà assez là-dessus pour le moment. À propos de Rienzi, le laisse-t-on toujours pourrir dans son cachot ?

— Ah ! ce matin, avant de partir, j’ai appris d’étranges nouvelles. La ville est en émoi : il y a des groupes à tous les coins. On disait que Rienzi serait jugé aujourd’hui, Et le nom des juges choisis pour cette affaire fait supposer que son acquittement est déjà décidé.

— Ah ! tu aurais dû me dire cela plus tôt.

— Si on le rendait à Rome, est-ce que cela contrarierait tes plans ?

— Hum ! Je ne sais, il faudrait alors de profondes réflexions et une conduite adroite. Je ne voudrais pas quitter ces lieux avant d’apprendre ce qu’on aura décidé à son sujet.

— Sans doute, Walter, tu aurais fait plus sagement de rester par prudence avec tes soldats et de me confier la conduite absolue de cette affaire.