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RIENZI.

gardent faire de loin, tout tremblotants. N’ayez pas peur qu’ils viennent à son aide. Pourtant, s’ils s’unissaient, ils pourraient ronger la trappe et délivrer leur chef ! Ah ! vous êtes une basse vermine, vous mangez mon pain, et pourtant, la mort viendrait me prendre que vous feriez festin de ma carcasse. Décampez ! » Et il frappa des mains : la chaîne qui l’entourait résonna rudement, et les bruyants compagnons de son cachot disparurent en un instant.

Cette gaieté satirique, singulière, excentrique, particulière à Rienzi, et qui avait paru bouffonne à la maussaderie hébétée des nobles Romains, imprimait encore sur son visage la même expression qu’autrefois, et il se mit à rire aux éclats en voyant cette vermine rentrer en toute hâte dans leurs cachettes.

« Un peu de bruit et le tintement d’une chaîne, fi ! il n’en faut pas davantage pour vous faire fuir : vous ne valez pas mieux que l’espèce humaine. Puis il retomba dans le silence, et ramenant vers lui d’un air nonchalant et triste les contes amusants de Tite Live : une heure encore, et il sera minuit, dit-il. Mieux vaut rêver éveillé que dormir. Bien, l’histoire nous apprend qu’il y a des hommes qui se sont relevés, oui, et des peuples aussi, après des chutes plus éclatantes que celle de Rienzi ou de Rome ! »

Quelques minutes après, il avait l’air d’être absorbé par sa lecture ; et il fallait en effet qu’il y mît une grande attention pour ne pas entendre les pas qui montaient l’escalier conduisant à sa cellule. Ce fut seulement lorsque la serrure craqua sous l’énorme clef et que la porte cria sur ses gonds, qu’alors il leva les yeux, étonné d’une visite inattendue à une heure si inaccoutumée. La porte du cachot s’était refermée, et sa lampe unique et blafarde lui fit voir une figure qui s’appuyait, comme pour se soutenir, contre la muraille. Cette figure était enveloppée des