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RIENZI.

— Si vous, madame, vous qui êtes de Naples, dit Angelo avec une énergie significative, vous parlez ainsi d’un exilé, d’un grand homme déchu, jugez de mes sentiments pour lui, moi qui l’ai honoré comme mon souverain,

— Rienzi n’appartient pas à Rome seule, il appartient à l’Italie, il appartient au monde, répliqua la signora. Et vous, Angelo, qui avez eu la noble hardiesse de parler ainsi d’un homme dans le malheur, vous avez montré par là avec quelle loyauté vous pouvez servir ceux qui ont l’avantage de vous posséder près d’eux. »

Tout en parlant, la signora promena sur la tête baissée du page, sur sa figure rougissante un long regard plein d’intérêt, et cela avec le coup d’ail d’une personne habituée à lire le caractère sur le visage.

« Les hommes se trompent souvent, dit-elle tristement, quoique avec un demi-sourire, mais les femmes rarement, sauf en amour. Plût à Dieu que Rome fût peuplée de gens qui vous ressemblent ! Assez ! Écoutez ! N’entends-je point des pas de chevaux dans la cour en bas ?

— Madame, dit Giacomo, en ramenant galamment son manteau sur son épaule, je vois les serviteurs de monseigneur le cardinal d’Albornoz. C’est le cardinal en personne.

— C’est bien, dit la signora, avec des yeux étincelants, je l’attends ! » Et en disant ces mots elle se retira par la porte devant laquelle elle était venue surprendre le page romain.