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RIENZI.

gnon avec une suite aussi nombreuse que celle qui accompagna jusque dans ces murs, les pas de Cola de Rienzi.

— Et à son arrivée ?

— Il a demandé une audience, afin de réfuter les accusations qui lui étaient intentées. Il a jeté un défi aux arrogants cardinaux qui l’avaient excommunié. Il a imploré la grâce d’un jugement légal.

— Et qu’a dit le pape ?

— Pas un mot. Cette tour-là a été sa réponse !

— Réponse assez rude !

— Mais on a vu des routes plus longues que celle qui mène de la prison au palais, et Dieu n’a pas fait des hommes tels que Rienzi pour les cachots et les chaînes. »

Comme Angelo disait ces mots à voix haute, et avec tout l’enthousiasme inspiré à la jeunesse de Rome par la gloire du tribun déchu, il entendit derrière lui un soupir. Il se retourna un peu confus ; à la porte des appartements occupés par la signora Cesarini, se tenait une femme d’une noble prestance. Habillée des plus riches vêtements, elle avait encore des yeux noirs dont l’éclat éclipsait le feu de l’or et des diamants, et telle qu’elle paraissait alors, droite et imposante, jamais front ne sembla mieux fait pour porter la couronne royale, jamais la beauté humaine ne présenta plus parfait l’idéal d’une héroïne et d’une reine.

« Pardon, signora, dit en hésitant Angelo, j’ai parlé haut, je vous ai dérangée, mais je suis Romain et il s’agissait entre nous de…

— Rienzi ! dit la dame, s’approchant. C’est un sujet bien capable de faire battre un caur romain. Allons, pas d’excuses ; elles répugneraient à tes généreuses lèvres. Ah ! si… La signora s’arrêta tout à coup et poussa un second soupir, puis d’un ton plus grave elle reprit : Si le destin relève jamais Rienzi à sa véritable place, il saura ce que tu penses de lui.