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que d’une peau livide. Qui n’implorai-je point ? De quelle magicienne n’ai-je point invoqué les enchantements ? Cependant point de remède ! et le temps fuyait toujours !

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

Enfin j’ouvris mon cœur à mon esclave : «Thestylis, cherche un remède à mes maux ! Le Myndien seul possède toute mon existence. Va, épie autour du gymnase de Timagètes : c’est la qu’il se promène ; c’est là qu’il dispute le prix de la lutte, ce délicieux amusement de son âge…

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

« S’il est seul, fais-lui signe et dis-lui doucement : « Simétha vous appelle, suivez—moi. » Je dis, elle part et amène le beau Delphis. Quand d’un pas agile je l'entendis franchir le seuil de ma porte…

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

Je devins plus froide que la glace ; de mon front la sueur ruisselait semblable à la rosée du midi ; mes paroles expiraient sur mes lèvres ; ainsi l'enfant dans un songe veut appeler sa mère et demeure sans voix. J’étais froide, immobile comme un marbre.

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

Le perfide me voit, baisse les yeux, s’assied sur ma couche : « Simétha , me dit-il, en m’appelant aujourd’hui, tu m’as prévenu de moins encore que j’ai devancé hier à la course le beau Philinus. »

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

« Oui, je serais venu de moi-même, j’en atteste le tendre Amour, je serais venu cette nuit, suivi de deux ou trois amis, t’apporter des pommes de Bacchus, ayant sur ma tête, attachée avec des nœuds de pourpre, une couronne du peuplier consacré à l'immortel Alcide.

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

« Si tu m’avais reçu, quelle félicité pour toi ! tu aurais eu pour amant celui qu'une voix unanime a proclamé le plus beau et le plus léger de ses rivaux. Moi, j’aurais été satisfait de savourer un seul baiser sur tes lèvres ver-