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beau lustre et plus appétissante sans doute que ces épais buissons de l’Europe, puisque nos mâles la préfèrent à nos plus charmantes palatines.


PARAGRAPHE III

Anecdote philosophique.


Mon nègre, témoin de ces élégantes scènes, bouillait dans son jus, et me demandait souvent si nous finirions bientôt notre inventaire. La négresse, enfin, lui répondit que cela ne le regardait pas, et qu’elle ne finirait de me caresser que lorsque je lui ordonnerais de cesser ma visite.

— Quoi donc, dis-je, est-ce que l’engin de ce grivois ne te tente pas ? Il en vaut pourtant la peine, ce me semble.

— Cela ! s’écrie-t-elle, je suis lasse d’en voir, et il me faudrait un triple appétit pour être tentée d’en tâter.

— Lasse d’en voir ! ripostai-je, comment cela ?

— Comment ? en manque-t-on dans mon pays ?

— Non pas, mais on ne les voit pas pour cela, et lorsque l’on a le plaisir de les voir, ils raniment le bon goût.

— Et voilà précisément, mademoiselle, pourquoi dans votre Europe les femmes courent autant les mâles que les mâles désirent les femmes.

Il est dans l’expérience que l’on ne souhaite pas de