Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 2 1890.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Que dis-tu, pièce effrontée,
Oreilles de fournil, bec sans couleur ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .[1]
Et sur lui, sa culotte à fond large,
(Nous en avons encore parlé),
Veste à queue mince et chapeau haut :
Mais laisse-le rentrer chez lui ;
Quand l’envie l’en prendra, avec son argent,
Il s’habillera différemment.


Marguerite Philippe, 1888.
__________


MARIE BONBEC
____


Si vous avez envie, amis,
De connaître une femme d’arrogance,
Je vous mènerai, quand vous voudrez,
En présence de Marie Bonbec.[2]

Tous les jours, vers une heure et demie,
Elle s’accroupit sur le seuil de sa porte,
Et aussitôt elle plante son derrière
Sur un escabeau ou une chaise,
Et tout le monde d’accourir à elle...
L’audience est ouverte.

Sur les genoux de Marie on voit
Une espèce d’énorme assiette,
Sur laquelle, chaque jour, on compte
Combien de commérages elle a inventés.

Là on compte combien il y a de filles licheuses
Qui vont chaque jour au café,
Combien il y a de filles qui ont trois amoureux,
Et combien d’autres qui sont vaniteuses,
Et combien il y a de maris ivrognes,
Et combien il y en a qui battent leurs femmes.

  1. Il doit manquer ici quelques vers.
  2. Mot-à-mot : Bec-en-avant.