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   (Je suis) comme un pêcheur dont la barque sombre ;
Jeté sur un écueil, il ne peut plus se sauver ;

   Comme une cane tombée au fond de la mer profonde,
Est demeuré mon cœur sans consolation.

   Comme une cane qui s’en va au fil de l’eau,
Je suis noyé en mes larmes, sans pouvoir trouver de secours.

   Comme une haie de fleurs, pleine de mauvaises herbes,
Est plein mon cœur de soupirs.

   La chaîne de l’amour est du métal le plus durable ;
Il faut qu’elle soit en diamant, puisqu’elle ne vient à s’user :

   Le fer et l’acier s’usent, avec le temps,
Mais jamais on ne rompt deux amours fidèles.

   Or ça, camarades, venez maintenant m’assister ;
Je vois clairement que je ne puis plus résister.

   Quand vous apprendrez que je serai mort, priez pour mon âme,
Afin que j’aille eu l’autre monde retrouver mon aimée !

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LE CLERC DE CREAC’H-MIKÊL


Autrefois, quand j’étais tout petit,
   Digodon, ton ton !
A la maison, chez mon père,
   Mérino ma dondon !
A la maison chez mon père,

   Je fus envoyé au collège
Pour être bien instruit ;
   Quand fut venu le temps de la moisson,
On me fit quérir à la maison,
   Pour aller au pardon,
A la chapelle de Saint-Michel.
   J’avais un camarade tout proche de ma maison,
Et moi de l’aller prier de venir avec moi.
   Quand je fus parvenu là,
On en était aux vêpres.