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   S’il est vrai que vous êtes mariée,
Ma bague, vous me la rendrez,

   Car l’argent, l’or jaune
Ne siéent pas à une femme de tanneur.

   — Jeune clerc, excusez-moi,
C’est un gentilhomme que j’ai épousé.

   — Fût-il gentilhomme et noble,
Sa loge est sur le bord du rivage ;

   Sa loge est sur le bord de la rivière,
Toute semblable à celle d’un tanneur.

   ... La jeune femme disait,
Chez elle, à sa mère, quand elle arrivait ;

   — Dame Marie du Folgoat !
Comment mon cœur pourra-t-il résister ?

   Comment mon cœur pourra-t-il résister,
A respirer l’odeur de cuir qu’exhalent ses habits ?

   — Taisez-vous, ma fille, ne pleurez pas,
Il possède de l’or, celui que vous avez épousé ;

   Il possède de l’or et de l’argent,
Et le clerc n’est que joli (garçon) !

   ... — Le tanneur est parti pour Tréguier,
Je souhaiterais que jamais il ne revînt à la maison !

   Elle n’avait pas fini de parler,
Qu’une lettre en sa main a été remise ;

   Qu’on lui a remis une lettre, chez elle,
Pour annoncer la mort du tanneur.

   ... Le jeune clerc disait,
Dans sa chambre d’étude, certain jour :

   — Quelque chose de nouveau est survenu ;
Trois feuilles dans mon livre ont pourri ;

   Trois feuilles sont tombées à terre,
Elle est devenue veuve, celle qui m’aime !

   Allons à Guingamp l’épouser,
Elle est devenue veuve, celle qui me plait !

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