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Alors, sur la mer profonde quand ils sont arrivés,
A lutiner la fille il s'est mis.

— Lâchez, lâchez, dit-elle, de peur qu’on ne vous fasse reproche
Ici il y a beaucoup de monde et nous serions vus[1].

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LA BATELIÈRE


(DEUXIÈME VERSION)
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— Je vous salue, petite Isabelle, avec votre petit bateau !
Que fais-tu là sur la mer, toute seule ?
Tes regards et ta mine, je les trouve aussi brillants
Que le soleil béni, quand il parait au firmament.
— Qu’est-ce que ces paroles que vous m’avez dites,
Qui vont jusqu’à mon cœur me causer de la gêne ?
Moi je suis une orpheline, âgée de quinze ans,
Et j’ai beaucoup à faire attention qu’il ne m’arrive rien :
Bien tard je serais après à me mettre à pleurer ;
L’honneur, quand il est perdu, on n’en trouve plus à acheter.
— Ce n’est pas pour (te faire) perdre ton honneur et ta virginité,
Petite Isabelle, que j’ai pris tant de liberté.
C’est pour te demander si tu consentirais
A prendre un jeune homme dans ta barque.
— Oh ! oui, dit-elle, jeune homme, approchez de ma barque,
Les paroles que vous avez dites m’ont rassurée.

La petite Isabelle disait, quand elle approchait de son pays ;
— J’ai attrapé un pigeon, je ne sais s’il restera ;
J’ai attrapé un pigeon dans mon bâtiment,
Et je viens l’enlever, avec un cœur content.


Louis Le Talec. — Pâtre
sur la montagne de Bré. — 31 août 1868.
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  1. Var : Ici il y a beaucoup d’eau, et nous serions noyés.