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LA MAITRESSE MALADE.
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Je ne suis pas joyeux, et je puis pas l’être,
En oyant dire qu’elle est malade, ma douce, celle que j’aime.

Si j’osais aller à sa maison, j’irais la voir,
Et emporterais avec moi une douceur quelconque.

— Bonjour à vous, ma maîtresse, je vous trouve bien grandement changée,
Depuis la dernière fois, ma maîtresse, que je vous ai vue.

— Comment ne serais-je pas changée,
J’ai en moi une fièvre qui m’a rudement secouée,

— J’ai chez moi du vin, depuis le service de huitaine de ma marraine :
Je vous l’apporterai, s’il vous plait en boire, ma maîtresse.

— J’aime mieux de l’eau
De la fontaine de mon véritable amour,

Que du vin clairet
De la part de celui que je n’aime pas.

— Adieu donc, ma maîtresse, adieu jusqu’au premier revoir !
Dieu et la Vierge vous maintiennent en votre maladie !

— Adieu donc, mon ami, adieu jusqu’au premier revoir :
Je requiers de Dieu que jamais bien portant ne soyez.


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