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— Pour être fils de grande maison,
Margodic, je ne fais aucun cas,

Pourvu que je puisse me trouver mieux
De votre affection, avant de mourir.

— Mon affection, tant que je vivrai,
Pour cela, monsieur, je puis vous en assurer.

Pour cela, monsieur, je vous en assurerai,
Mais non en vue du mariage.

— Margodic, dites-moi,
Qu’est-ce qui est cause que vous ne m’aimez point ?

Qu’est-ce qui est cause que vous ne m’aimez point ?
J’ai des biens, vous n’en avez pas.

— Et quand même vous auriez des biens, monsieur,
Moi, j’ai de la beauté, qui les vaut bien !

Et elle vaut plus, ma beauté,
Que tous les biens que vous avez au monde !

Bien que je ne sois qu’une femme de peu,
Bien que je ne sois que la fille d’un jardinier,

Je sais lire, écrire sur papier,
Tout aussi bien qu’un fils de conseiller.

— Margot, Margot, ma douce jolie,
Viendriez-vous avec moi dans ma chambre

Viendriez-vous avec moi dans ma chambre ?
Je vous ferai heureuse et riche de cinq cents écus.

— Gardez, monsieur, vos cinq cents écus,
Ou donnez-les à qui il vous plaira ;

Ou donnez-les à qui il vous plaira !
Pour moi, je n’en veux point.

Margodic, dites-moi,
Viendriez-vous avec moi à ma maison !

Viendriez-vous avec moi à ma maison ?
Je vous ferais une existence sans souci.

Je vous habillerai de goege
Et de pourpre et de cadrinè[1]

— Le goeg, monsieur, ne sied qu’aux gens d’église,
Et la pourpre appartient aux bourgeois,

  1. Goeg et cadrinè, tissus anciennement usités et dont je ne connais pas les noms en Français.