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LA CHANSON DU ROSSIGNOLET
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— Chantez, chantez, rossignolet ! de bien bon matin vous chantez !
— D’aussi matin que vous, jeune homme ; est-ce à la chasse que vous allez ?
— Salut à toi, petit camarade ! je ne vais point à la chasse,
Je suis en route pour Kerlosquet, où je vais voir mon amour.
Et le rossignol de lui demander, comme il était bavard du bec :
— Il y a bien des maisons à Kerlosquet : à laquelle d’entre elles allez-vous ?
Le jeune homme de répondre, sur un ton de bonne amitié :
— Salut à toi, petit camarade ! je ne suis pas à confesse !...
Au bout d’un instant après, lui d’apercevoir sa maîtresse ;
A son teint et à sa mine, il vit qu’elle était souffrante ;
Et lui de s’enquérir près d’elle, la voyant contristée :
— Êtes-vous malade de cœur, ou êtes-vous malade d’esprit ?
Et elle de lui répondre, avec un petit air gracieux :
— Je ne suis pas sujette à maladie, non, par la merci de Jésus !...
... L’araignée a beau tisser sa toile,
La tisser et l’étendre et la faire sécher sur le pré,
Un coup de vent surviendra, qui la soulèvera de là :
Et les cœurs des jeunes gens sont pareillement de même.


Marguerite Fejer. — Plourivo, septembre, 1888.


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