Page:Lucrèce - De la nature des choses (trad. Lefèvre).djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.



LIVRE PREMIER


______



L’UNIVERS ET LES SYSTÈMES



Mère de la Nature, aïeule des Romains,
Ô Vénus, volupté des dieux et des humains,
Tu peuples, sous la voûte où glissent les étoiles,
La terre aux fruits sans nombre et l’onde aux mille voiles ;
C’est par toi que tout vit ; c’est par toi que l’amour
Conçoit ce qui s’éveille à la splendeur du jour.
Tu parais, le vent tombe emportant les nuages,
La mer se fait riante ; à tes pieds les rivages
Offrent des lits de fleurs suaves ; et les cieux
Ruissellent inondés d’un calme radieux.
À peine du printemps la face épanouie
Par la brise amoureuse éclate réjouie,
Les oiseaux tout d’abord chantent, frappés au cœur,
Ta venue, ô déesse, et ton assaut vainqueur ;
Puis les troupeaux charmés dans les joyeuses plaines
Bondissent ; tant d’ivresse a coulé dans leurs veines !