Page:Lucrèce - De la nature des choses (trad. Lefèvre).djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXIV
PRÉFACE

Lucrèce sera ici au courant de la science contemporaine.

Des atomes innombrables, indivisibles, insensitifs, déclinants ou vibrants, pourvus de divers types immuables et de mouvements infiniment variés, agents de la matière sans borne et sans fond ; autour des corps et dans les corps constitués par les combinaisons de ces atomes, un milieu impondérable, pénétrable en tous sens, espace absolument libre, le Vide ou l’Éther ; d’un côté, la substance en mouvement, de l’autre, sa carrière : tels sont les deux principes dont le concours éternel forme, maintient, défait et reconstruit les formes passagères de la somme universelle, sans commencement et sans fin ; tels sont les éléments d’une conception du monde, si large et si vraie dans son ensemble qu’elle enferme et domine encore toute la science et toute la philosophie.

Si, de la conception générale du grand tout, nous venons à ce que Lucrèce pensait de notre univers terrestre, nous retrouverons, mêlées à des erreurs singulières, les mêmes intuitions de génie qui, d’observations nécessairement incomplètes, s’élèvent jusqu’à la divination de la vérité.

Ce fut d’abord un concours d’éléments divers et de groupes dont les densités variées superposèrent la terre, l’eau, l’air, les astres, lambeaux ignés qui volent dans les régions supérieures (V, 433-509), emportés par le courant de l’air, régulier et alternatif comme celui de l’Océan.