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LIVRE CINQUIÈME

Poussant les astres ; soit qu’eux-mêmes dans la nue,
À l’appel de la faim, serpentent fascinés
Et paissent en chemin les atomes ignés.
Comment procède ici la Nature des choses ?
Je ne sais. Je me borne à suggérer les causes
Qui peuvent expliquer le jeu des corps divers
560Diversement construits qui peuplent l’univers.
J’énumère des lois possibles ou réelles,
Capables de mouvoir les astres. L’une d’elles.
Régit assurément ces flambeaux de nos cieux.
Mais laquelle ? C’est là ce que nous saurions mieux
Si nos pieds n’étaient pas attachés à la terre.
Si notre globe, au moins, peut rester sédentaire
Dans le centre du monde, il faut qu’en descendant
Le poids évanoui s’annule, accommodant
Au siège aérien, base de sa demeure,
Le dessous inconnu, la terre inférieure :
Seul, l’antique lien de cet intime accord
Empêche que le sol ne pèse à son support ;
Ainsi le poids d’un membre est insensible à l’homme ;
Le cou n’est point chargé par la tête ; et la somme
Des fardeaux corporels n’écrase pas les pieds ;
Tandis que, bien moins lourds, des poids moins familiers,
S’ils viennent du dehors, souvent nous indisposent.
Tant importe comment les corps se juxtaposent !
La terre donc n’est pas un poids que l’air subit,
580Qu’en des flots étrangers lance un hasard subit ;
Non ; conçue avec l’air et formée en son onde,