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LIVRE DEUXIÈME

Ils gardent en croissant le type maternel,
De principes certains héritage éternel.

En tout corps, c’est la loi fatale et manifeste,
De tous les aliments ne pénètre et ne reste
Que ce qui s’associe à son travail vivant.
Les germes étrangers sont rejetés au vent ;
D’infatigables chocs dispersent en poussière
Des germes superflus dont l’inerte matière,
Incapable de vivre, a tenté vainement
D’entrer dans un contour et dans un mouvement.
Et ne crois pas ces lois aux seuls vivants bornées.
Elles dominent tout. Car les choses sont nées
Chacune avec leur genre et leur trait spécial.
Le fait qui les distingue est donc primordial :
C’est la diversité formelle des principes.
Non pas qu’il soit besoin d’un grand nombre de types ;
Mais nous voyons que rien ne concorde en tout point.
740À la variété des atomes se joint
Celle des poids, des chocs, des concours, des distances
Et des directions, qui, plus que les substances,
Imprime dans chaque être un type essentiel,
Fait que la mer est mer et que le ciel est ciel,
Et qui leur interdit d’empiéter sur la terre.

Mais, poursuis avec moi l’étude qui m’est chère.
Quand tu vois un objet blanc ou noir, ou vêtu
De telle autre couleur, en vain prétendrais-tu
De germes blancs ou noirs constater l’influence :
La matière en sa trame est neutre et sans nuance ;