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NOTICE
SUR VALÉRIUS FLACCUS.

Caïus Valérius Flaccus paraît avoir appartenu à la famille de Valérius Publicola, l’un des fondateurs de la liberté romaine. On ignore quel fut son père, et en quelle année il naquit.

Des manuscrits ajoutent à ses noms ceux de Sétinus et de Balbus. On pourrait conclure du premier qu’il était né à Sétia, ville de la Romagne, célèbre par ses vins ; mais deux épigrammes de Martial ne permettent pas de douter que la ville natale de Valérius Flaccus n’ait été Padoue, appelée tour à tour par ce poëte Apona tellus[1], du nom d’une source d’eau minérale voisine de cette ville, et Antenoreus Lar[2], parce que les Padouans rapportaient leur origine au Troyen Anténor. Quant au nom de Balbus, Heinsius l’attribue, ainsi que celui de Sétinus, au possesseur de l’un des manuscrits de Valérius, où ces deux noms se lisent, non en tête du manuscrit, mais à la suite du deuxième livre. Il prouve d’ailleurs qu’au temps des Flaviens nul Romain ne portait cinq noms, et que Balbus étant le dernier, Valérius eût été appelé par Quintilien et Martial, ses contemporains, Balbus, et non Flaccus.

Quoi qu’il en soit, Valérius Flaccus vécut sous les règnes de Domitien, qu’il a loué de son talent poétique, de Nerva, et de Trajan. Il remplit des fonctions publiques à Rome et au dehors. Il nous apprend lui-même, dans l’invocation qui précède son poëme, qu’il était quindécemvir chargé de la garde des livres sibyllins. C’est en cette qualité qu’il aurait présidé les jeux séculaires donnés par Domitien en l’an 88 de notre ère.

Si le Flaccus auquel sont adressées d’autres épigrammes est en effet Valérius Flaccus, il aurait été en Chypre[3] probablement en qualité de préteur, puis en Espagne[4], où il aurait fait un séjour dont on ne sait ni le motif, ni la durée ; puis il aurait fixé sa résidence à Baies[5], où Martial, qu’il avait voulu y attirer, aurait refusé de le rejoindre, et même de faire des vers que Valérius lui avait demandés à la louange de ce pays. D’après un autre passage[6], il aurait laissé voir un jour, à Martial, le peu de cas qu’il faisait de l’épigramme ; ce qui lui en aurait attiré une qui n’est pas l’une des moins piquantes du recueil de son ami. Enfin, il aurait eu, comme Virgile, un Alexis du nom d’Amazonicus dont Martial fait un portrait charmant[7], et aurait aimé une Thaïs, que Martial peint sous des couleurs bien différentes[8].

Tous ces détails sont incertains, et de médiocre intérêt.

Ce qui n’est point douteux, et ce qui suffirait pour recommander le poëme de Valérius Flaccus aux amis des lettres latines, c’est le passage où Quintilien, passant en revue les poëtes qui s’étaient rendus célèbres à Rome, s’exprime ainsi : « Nous avons fait naguère une grande perte dans la personne de Valérius Flaccus : » Multum in Valerio Flacco nuper amisimus[9].

Ce passage permettrait de fixer l’époque où mourut Valérius Flaccus. Quintilien ayant écrit ses Institutions oratoires dans les douzième et treizième années du règne de Trajan, c’est peu de temps auparavant, c’est-à-dire vers la cent huitième année de l’ère chrétienne, que Rome aurait eu à regretter la perte de Valérius Flaccus.


  1. Ep., liv. i, 62.
  2. Ibid., 77 :

    Flacce, Antenorei spes et alumne Laris.

  3. Ep., liv. viii, 45 ; ix, 91.
  4. Ibid. x, 104.
  5. Ibid. xi, 80.
  6. Ibid. iv, 49.
  7. Ibid. 42.
  8. Ibid. xi, 100 et 101.
  9. Inst. Orat. x, i, vers la fin.