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LA JEUNESSE DE RABEVEL

son rabat ? demanda-t-il. Ne le cherchez point ; le Père Régard est Jésuite et ne porte pas le rabat.

Toutes les préventions de Noë arrivèrent d’un même flot ; le parti prêtre, l’Inquisition, les types des romans anticléricaux, les Dragonnades, la révocation de l’édit de Nantes, la Saint-Barthélemy s’unirent en une seconde sous les traits définitivement fixés de ce visage austère et glacé. « Ce ne doit pas être un bonhomme commode » se dit-il. Que ferait-il de Bernard ? Il se le demanda un moment sans parvenir à résoudre le problème. D’ailleurs, qu’importait ? Il était trop tard maintenant pour rien changer. Et l’enfant avait l’air si content, dévorant des yeux les livres et les instruments scientifiques qui encombraient le bureau ! Advienne que pourrait ! On verrait bien. Il embrassa son neveu et prit congé ; et sur le chemin du retour, tout à son plaisir d’être avec sa belle-sœur un peu attristée, dans cette mélancolique journée d’automne propice aux sentiments les plus tendres, il n’eut pas une seule pensée pour Bernard.

Celui-ci allait, pendant ce temps, de merveille en merveille. L’immensité des dortoirs, des salles d’études, des réfectoires qu’on lui faisait parcourir, la splendeur des galeries de travaux pratiques pleines de modèles mécaniques et de dessins compliqués, la rumeur des gymnases l’emplissaient d’admiration et de joie. Il ruminait avec conviction les conseils du sage Blinkine : écouter, se taire, obéir, être sage et par ces moyens arriver au premier rang. Mais il