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LE MAL DES ARDENTS

frémissait sans cesse ; les yeux profondément encavés charbonnaient sous des paupières dont la minceur transparente se dégageait de toute chair, accusait la sphéricité du globe oculaire et faisait mouvoir les ombres de l’orbite. Un front immense, argenté aux tempes, tout labouré, décelait le méditatif. Il écoutait dans une posture qui devait lui être familière, le coude droit dans la main gauche, l’avant-bras relevé, le pouce venant à la mâchoire, l’index le long de la joue. Le Frère Valier le contempla un instant puis dit avec une nuance d’admiration :

— Monsieur Régard est un de nos aumôniers et celui qui aura à diriger Bernard. Il est une des lumières de la catholicité.

Le prêtre, sans vaines protestations, fermait les yeux et secouait négativement la tête comme pour lui-même tout seul, devant Dieu, tout seul.

— Si, mon cher ami, dit le Frère Valier, vous êtes l’un des maîtres de la mystique et l’un des remparts de l’Église… Et je ne sais comment vous pouvez consentir à venir encore vous occuper de quelques-uns de nos enfants.

— Qui est plus digne d’étude que la plus belle créature de Dieu ? répondit l’autre d’une voix blanche et comme exténuée.

Noë fut frappé ; mais, comme il considérait le prêtre avec attention, le Frère Valier se méprit sur l’objet de sa curiosité.

— Vous vous étonnez que Monsieur Régard n’ait pas