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LA JEUNESSE DE RABEVEL

ne rejetterait pas la chose comme l’eût immédiatement rejetée Rodolphe.

— Il y a là évidemment, dit-il en se grattant le menton, une question d’équité, question d’équité qui est double. La mère est une bougresse qui ne vaut pas grand chose et même, autant dire, rien. Elle n’a jamais contribué à l’entretien du loupiot pour un liard ; pourtant le gosse est à elle ; ce n’est pas sûr qu’il soit le fils de Pierre, il ne lui ressemble ni pour la tête ni pour le cœur ! ce n’est pas sûr donc qu’il soit notre neveu. Mais c’est bien sûr que c’est elle qui l’a fait : pas vrai ? Donc, si vomissant que ce soye de demander à ce chameau d’aider son fils, il faudrait le faire, régulièrement. Et puis il y a autre chose, le petit est désagréable, méchant, sans cœur, tout ce qu’on voudra ; mais on ne peut pas dire qu’il soye pas intelligent ; il apprend ce qu’il veut et il comprend tout. On lui a dit de tout sur la république, la liberté et coetera : c’est son droit d’arriver où son esprit peut le porter et nous, nous devons l’y aider de toutes nos forces. Si on peut mettre le gosse au lycée il faut l’y mettre ; ça, y a pas : c’est la justice. Évidemment. C’est pas rigolo pour moi de retrouver la cocotte et d’aller la voir, mais enfin je ne veux pas qu’on me fasse des reproches un jour. C’est pas deux choses qu’il reste à faire ; c’en est qu’une. Je vais aller à la Préfecture, je vois Mazurel qui est chef de division et m’aura vite trouvé où perche l’oiselle ; et demain je me frusque et je tombe au nid. C’est pas ton avis ?