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LA JEUNESSE DE RABEVEL

à perfectionner le peu d’humanités que je vous ai fait faire, puis aller au Grand Séminaire ; être Frère et alors passer au Petit Séminaire spécial d’où vous pourrez retourner ici comme adjoint au Frère Maninc qui serait heureux de vous avoir auprès de lui ». Bernard demanda encore une quinzaine de répit. « C’est accordé, dit le Frère. D’ailleurs, je pense qu’il serait bon pour vous de passer ces quelques jours auprès des vôtres. En somme, vous ne devez rien faire sans leur conseil et leur assentiment ».

En sortant du collège, il regarda sa montre : dix heures ; il avait le temps de passer chez Blinkine et d’arriver pour déjeuner rue des Rosiers ; il se rendit tout de suite chez le banquier qui le reçut fort aimablement, mais ajouta :

— Vous n’avez sans doute pas vu Abraham depuis plus d’un mois sans quoi vous sauriez qu’il n’habite plus ici.

— Comment ? fit Bernard interloqué.

— Parfaitement, dit le banquier que cet étonnement amusait. Ignorez-vous donc que, vous comme lui, êtes maintenant de grands jeunes gens ? Alors, comme Abraham est sérieux, que je suis tranquille sur son travail et que je sais qu’il ne joue pas, ne boit pas, n’excède pas enfin les fredaines de son âge, je lui ai accordé son petit logement où il prépare sa licence. Allez donc le voir, 84 bis Quai de l’Horloge, il sera si content de bavarder avec vous !

— Est-ce bien sûr qu’il soit chez lui ? demanda le jeune homme qui se sentait subitement intimidé et qui s’en voulait.