Page:Lucie Delarue-Mardrus – Aurel et le Procès des mondains.pdf/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 10 —

À chacun de ces jeudis, un monsieur ou une dame qui parlent bien sont chargés de faire, en 10 minutes, l’éloge d’un jeune talent, en général encore peu connu.

Ensuite, à l’appui, des récitations sont données. Puis Mme Aurel pose à ses invités réunis en foule une petite question, psychologie ou morale, sur laquelle elle leur demande leur avis. Cela suscite des discussions, oblige les gens à penser, les anime… Je vous assure qu’ils sont aussi animés que s’ils déblatéraient, et qu’ils s’amusent autant. Et c’est un assez beau tour de force.

Oui, cela rappelle les salons des précieuses ?…

Eh bien ! Ce n’est déjà pas si mal ! On appelle aussi précieuses toutes sortes de pierres fines — dont les perles…

Beaucoup de gens vont chez Mme Aurel pour s’instruire en se divertissant. Il y en a d’autres, il faut bien le dire, qui y vont pour sourire.

On aime beaucoup sourire, à Paris. Je dis sourire. C’est par politesse. Ce que je veux dire, c’est Ricaner.

Or, le ricanement chez nous, est devenu véritablement une espèce de tic national.