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coup mieux, au point de vue du public, être mort.

C’est gênant, la présence réelle. Cela suscite des potins, des légendes, des sourires. Et, certes, clabauder est bien plus intéressant que d’étudier une œuvre.

Une fois qu’un artiste est mort, oh ! alors, nous avons tout le temps de nous occuper de son esprit ! Voici les commentaires, les discussions, les admirations. Voici aussi les souscriptions. Vite, élevons une statue à ce penseur, à ce poète, à ce romancier qui sont passés à la postérité ! Une statue ! Il nous la faut ! Nous en ferons une idole ! Nous irons y porter des fleurs !

Oui, comme sur une tombe !

Or, je vais vous dire, mes chers amis. Nous en avons assez d’attendre nos statues et nos tombeaux. Nous aimons mieux les hommages tout de suite, pendant que nous sommes là.

Nous aurons toujours le temps d’être des cadavres.

Voilà !

C’est pourquoi vous me voyez, aujourd’hui bien décidée à vous parler de Madame Aurel comme je vous parlerais d’une