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ploit d’une catin si française, si jeune qu’elle sait dédaigner le bien-être, si gaie que le péril a paré son milieu d’une magie qui lui est chère, pour ce rire qui rejette la paix et la félicité de nos bonheurs tout cuits, pour cette gamine, je dis : « retournez-vous ! » Si c’était là, vers ces impasses à crimes, qu’on peut voir une femme, la toute femme, celle qui veut coudre et découdre elle-même ses jours, femelle qui n’a pas trouvé d’homme pour elle, car les reines n’ont pas de rois, celle qui ose un rire plein et qui se gausse du bonheur, de celui qu’elle n’a pas fait. Folle peut-être, mais surtout femme, et folle au moins à la façon de France.

Aurel, qui n’aime pas les romans et ne touche pas au théâtre, doit être bien étonnée que je la salue romancière et dramaturge. Elle me permettra de la saluer aussi poète et de vous dire, pour finir, un petit poème d’elle qui, comme beaucoup d’autres, s’est échappé de sa plume sans qu’elle s’en doute. J’intitule celui-ci :

Beau projet pour soi seule

Il faut mourir dans les plis du lin blanc, se dit Lilo. Le blanc seul respecte assez. Il faut aimer dans la gaze rose car elle ne dénature pas le corps, et l’orne simplement d’une irréalité, d’une magie.

Et cependant il n’est question pour cette épouse de vingt ans, de mourir, ni d’aimer spé-