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Le bonheur qu’elle propose est sans mirages ni illusions. « Sans la platitude de ses aventures, dite-elle, Emma Bovary serait peut-être devenue une femme, au lieu de constamment hennir vers la chimère ».

Non. Pas de chimère dans le paradis d’Aurel. Pour édifier le bonheur, elle veut, sur place, tirer parti des matériaux existants, sans en souhaiter d’autres. Et c’est par là qu’elle est une Envoyée nouvelle, une Envoyée au sens prophétique du mot ; c’est par là que ses œuvres constituent une sorte de Bible, mais une Bible humaine.

Aurel, cette mystique, ne sort pourtant jamais de l’humanité.

Le mariage éternel est une intelligence dit-elle. C’est du reste un bel alexandrin. Cet accident arrive souvent dans sa prose. Vous allez pouvoir noter au passage ces vers involontaires.

Voici une autre forme :

Ceux dont les corps seulement s’entendent sont des chenilles mal parties qui ne peuvent devenir papillons.

Au contraire des conteurs de belles histoires, Aurel ne fait pas finir les romans par un mariage. Mais le roman commence