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retirer en Lucanie. L’année suivante, comptant trouver de nouveaux auxiliaires chez les peuples de l’est, il attaqua l’Apulie ; la fidélité des alliés de l’Italie centrale n’en fut point ébranlée. Vainqueur à Asculum (Ascoli de Satriano) (475), mais sans succès décisif, et rencontrant toujours la même résistance, il saisit la première occasion de quitter l’Italie, pour conquérir la Sicile (476-478). Pendant ce temps, le sénat rétablissait la domination romaine dans l’Italie méridionale et s’emparait même de quelques villes grecques, entre autres de Locres et d’Héraclée[1]. Le Samnium, la Lucanie et le Bruttium étaient de nouveau livrés au pouvoir des légions et forcés à céder des terres et à renouveler des traités d’alliance ; sur la côte, Tarente et Rhegium restèrent seules indépendantes. Les Samnites résistaient encore, et l’armée romaine campa dans leur pays en 478 et 479. Sur ces entrefaites, Pyrrhus rentre en Italie, comptant arriver à temps pour délivrer le Samnium ; mais il est battu à Bénévent par Curius Dentatus et regagne sa patrie. L’invasion de Pyrrhus, cousin d’Alexandre le Grand et l’un de ses successeurs, semble être un des derniers efforts de la civilisation grecque venant expirer aux pieds de la grandeur naissante de la civilisation romaine.

La guerre contre le roi d’Épire produisit deux résultats remarquables : elle améliora la tactique romaine et amena entre les combattants ces procédés des nations civilisées qui apprennent à honorer les adversaires, à épargner les vaincus, et à ne pas laisser la colère survivre à la lutte. Le roi d’Épire traita les prisonniers romains avec une grande générosité. Cinéas envoyé à Rome auprès du sénat, comme Fabricius auprès de Pyrrhus, rapportèrent chacun, de leur mission, une profonde estime pour ceux qu’ils avaient combattus.

  1. Cicéron, Discours pour Balbus, xxii.