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aux Lucaniens. Le siège traîna en longueur, et la nécessité de continuer la campagne au delà du terme ordinaire amena la prorogation du commandement de Publilius Philon avec le titre de proconsul, qui apparaît pour la première fois dans les annales militaires. Bientôt les Samnites furent chassés de la Campanie ; les Palæopolitains se rendirent ; on rasa leur ville ; mais ils s’établirent tout auprès, à Naples (Neapolis), où un nouveau traité leur garantit une indépendance presque absolue, à la charge de fournir un certain nombre de vaisseaux à Rome. Dès lors, presque toutes les villes grecques, successivement soumises, obtinrent des conditions aussi favorables et formèrent la classe des socii navales[1].

La guerre néanmoins se prolongea dans les montagnes de l’Apennin. Tarente s’unit aux Samnites, seuls redoutables encore[2]. Les Lucaniens abandonnèrent l’alliance des Romains ; mais, en 429, les deux capitaines les plus célèbres de ce temps, Q. Fabius Rullianus et Papirius Cursor, pénétrèrent dans le Samnium, forcèrent l’ennemi à payer une indemnité de guerre et à accepter une trêve d’un an.

À cette époque, un événement imprévu, qui changea les destinées du monde, vint montrer quelle différence existe entre la création rapide d’un homme de génie et l’œuvre patiente d’une aristocratie intelligente. Alexandre le Grand, après avoir jeté un éclat immense et soumis à la Macédoine les plus puissants royaumes de l’Asie, mourait à Babylone. Son influence féconde et décisive, qui avait fait pénétrer la civilisation grecque en Orient, lui survécut ; mais, à sa mort, l’empire fondé par lui en quelques années se démembra (431) ; l’aristocratie romaine, au contraire, se perpétuant d’âge en

  1. Tite-Live, VIII, xxvi ; XXI, xlix ; XXII, xi.
  2. « Eam solam gentem restare. » (Tite-Live, VIII, xxvii.)