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d’un luxe excessif, et, si l’on en croit César[1], elles servirent de modèle à celles des Romains.

Entre les Romains et les Samnites régnait depuis longtemps une rivalité jalouse. Du moment où ces deux peuples se trouvèrent en présence, ils devaient évidemment en venir aux mains ; la lutte fut longue et terrible, et, pendant le ve siècle, c’est autour du Samnium qu’ils se disputèrent l’empire de l’Italie. La position des Samnites était très avantageuse. Retranchés dans leurs montagnes, ils pouvaient, à leur choix, ou descendre dans la vallée du Liris, de là atteindre le pays des Aurunces, toujours prêts à se révolter, et couper les communications de Rome avec la Campanie ; ou bien remonter par le haut Liris dans le pays des Marses, soulever ces derniers et tendre la main aux Étrusques en tournant Rome ; ou enfin pénétrer dans la Campanie par la vallée du Vulturne, et tomber sur les Sidicins, dont ils convoitaient le territoire.

Au milieu de tant de peuples hostiles, pour qu’un petit État parvînt à s’élever au-dessus des autres et à les subjuguer, il devait avoir en lui des éléments particuliers de supériorité. Les peuples qui entouraient Rome, belliqueux et fiers de leur indépendance, n’avaient ni la même unité, ni le même mobile, ni la même organisation aristocratique puissante, ni la même confiance aveugle dans leurs destinées. On découvrait en eux plus d’égoïsme que d’ambition. S’ils combattaient, c’était bien plus pour accroître leurs richesses par le pillage que pour augmenter le nombre de leurs sujets. Rome triompha, parce que seule, dans des vues d’avenir, elle fit la guerre non pour détruire, mais pour conserver, et qu’après la conquête matérielle elle s’appliqua toujours à faire la conquête morale des vaincus.

  1. Discours de César au sénat, rapporté par Salluste. (Conjuration de Catilina, li.)