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Si la chute de la royauté, en donnant à l’aristocratie plus de vitalité et d’indépendance, rendit la constitution de l’État plus solide et plus durable, la démocratie n’eut pas d’abord à s’en féliciter. Deux cents ans s’écoulèrent avant que les plébéiens pussent obtenir non-seulement l’égalité des droits politiques, mais encore le partage de l’ager publicus et un adoucissement en faveur des débiteurs, obérés par des guerres incessantes. Le même temps environ fut nécessaire à la République pour reconquérir sur les peuples voisins la suprématie qu’elle avait exercée sous les derniers rois[1],

  1. Il résulte des témoignages de Polybe, de Denys d’Halicarnasse, de Tite-Live, de Florus et d’Eutrope, qu’au moment de la chute de Tarquin le Superbe la domination de Rome s’étendait sur tout le Latium, sur la plus grande partie du pays des Sabins, et même jusqu’à Ocriculum (Otricoli), en Ombrie ; que l’Étrurie, le pays des Herniques, le territoire de Cære (Cervetri) étaient unis aux Romains par des alliances qui les constituaient, à l’égard de ceux-ci, dans un état de sujétion.

    L’établissement du gouvernement consulaire fut pour les peuples sujets de Rome le signal de la révolte. En 253, tous les peuples du Latium étaient ligués contre Rome ; la victoire du lac Régille, en 258, c’est-à-dire quatorze ans après le renversement des Tarquins, commença la soumission du Latium, que compléta le traité conclu par Spurius Cassius avec les Latins, en l’an de Rome 268. Les Sabins ne furent définitivement réduits que par le consul Horatius, en 305. Fidènes, qui avait reconnu la suprématie de Tarquin, fut prise en l’an 319, puis reprise encore, une insurrection ayant éclaté en 328. Anxur (Terracine) ne fut soumise définitivement qu’après la défaite des Volsques ; et Veïes, Faléries, ne tombèrent au pouvoir des Romains que dans les années 358 et 359. Circeii, où une colonie latine avait été établie au temps des rois, n’en reçut une nouvelle qu’en l’an 360. Cære fut réunie au territoire romain en l’an 364, et ce fut seulement au temps de l’invasion gauloise qu’Antium et Ecetra furent définitivement annexés au territoire de Rome. En 408, la prise de Satricum, à l’entrée du pays des Volsques, empêcha ce peuple d’appuyer un soulèvement qui s’annonçait déjà chez les Latins. En 411, toute la plaine du Latium était occupée par des citoyens romains ou des alliés, mais dans les montagnes il restait des cités volsques et latines indépendantes et secrètement ennemies. Néanmoins on peut dire que vers cette époque la République avait reconquis le territoire qu’elle possédait sous les rois, quoique Rome ait eu encore, en 416, à réprimer une dernière insurrection des Latins.