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des dettes, elles ne tardèrent pas à devenir une cause incessante d’agitation.

Les rois, avec les terres conquises, avaient constitué un domaine de l’État (ager publicus), l’une de ses principales ressources[1], et ils en distribuaient généreusement une partie aux citoyens pauvres[2]. En général on enlevait aux vaincus les deux tiers de leurs terres[3]. De ces deux tiers, « la partie cultivée, dit Appien, était toujours adjugée aux nouveaux colons, soit à titre gratuit, soit par vente, soit par bail à redevance. Quant à la partie inculte, qui, par suite de la guerre, était presque toujours la plus considérable, on n’avait pas coutume de la distribuer, mais on en abandonnait la jouissance à qui voulait la défricher et la cultiver, en réservant à l’État la dixième partie des moissons et la cinquième partie des fruits. On imposait également ceux qui élevaient du gros ou du petit bétail (afin

  1. « Quand Romulus eut distribué tout le peuple par tribus et par curies, il divisa aussi les terres en trente portions égales, dont il donna une à chaque curie, en réservant néanmoins ce qui était nécessaire tant pour les temples que pour les sacrifices, et une certaine portion pour le domaine de la République. » (Denys d’Halicarnasse, II, vii.)
  2. « Numa distribua aux plus pauvres des plébéiens les terres que Romulus avait conquises et une petite portion des terres du domaine public. » (Denys d’Halicarnasse, II, lxii.) — Mesures semblables attribuées à Tullus Hostilius et à Ancus Martius. (Denys d’Halicarnasse, III, i, xlviii.) — « Dès qu’il fut monté sur le trône, Servius Tullius distribua les terres du domaine public aux thètes (mercenaires) des Romains. » (Denys d’Halicarnasse, IV, xiii.)
  3. Romulus, selon Denys d’Halicarnasse, envoya deux colonies à Cænina et à Antemnes, ayant pris à ces deux villes le tiers de leurs terres. (II, xxxv.) — En l’an 252, les Sabins perdirent dix mille arpents (jugera) de leurs terres arables. (Denys d’Halicarnasse, V, xlix.) — Un traité conclu avec les Herniques, en 268, leur enlevait les deux tiers de leur territoire. (Tite-Live, II, xli.) — « En 413, les Privernates perdirent les deux tiers de leur territoire ; en 416, les Tiburtins et les Prénestins perdirent une partie de leur territoire. » (Tite-Live, VIII, i, xiv.) — « En 563, P. Cornelius Scipion Nasica ôta aux Boïens prés de la moitié de leur territoire. » (Tite-Live, XXXVI, xxxix.)